« Alors....Je
suis vraiment un extra-terrestre. »
John
Kent rangea le camion dans le garage sans répondre. Il ne savait pas
vraiment quoi dire à Clark. Eux-même avaient du mal à se faire à
cette idée. Ils avaient bien essayé de trouvé d'autres
explications. C'était un coup des Russes, c'était une opération
top secrète du gouvernement, c'était le coup d'un ex nazi.. Mais
aucune autre ne collait. John Kent n'était pas un expert en fusées,
mais il savait faire la différence entre quelque chose de conçu par
des humains et quelque chose....d'autre. Mais comment était-il censé
lui dire ça ? Comment était-il censé lui dire que tout ce
qu'il croyait savoir était un mensonge ? Cela le dévasterait,
et qui pouvait dire quelle serait sa réaction ?
« Cool,
fit Clark avec un petit sourire aux lèvres, tout en descendant du
camion. »
A
moins bien sur qu'il ne se fasse du soucis pour rien, songea John
Kent en imitant son fils.
« Mais,
vous m'aviez dit que vous m'aviez adopté, reprit Clark. Vous m'avez
même montré les papiers de l'orphelinat.
-Oui,
répondit John. C'est ce que nous avons fait. D'ailleurs, tu avais
fait parlé de toi, là bas, à force de soulever les chaises à tout
va.
-....Ha
bon ?
-Ouaip.
Heureusement, le directeur était un vieil ami de ta mère. Il a
étouffé l'affaire quand nous sommes venus te chercher. »
John
se souvenait d'ailleurs que le dit directeur était bien gêné sur
la façon de présenter cette histoire de bébé surhomme à
l'administration sans passer pour un alcoolique invétéré. Dans le
fond, cela l'arrangeait plutôt bien de se débarrasser de Clark. Il
les avait avaient d'ailleurs presque supplié de prendre le bébé et
de ficher le camp.
« Et
la fusée, continua Clark, excité comme une puce ou, plus
vraisemblablement, comme le jeune paysan dans les contes qui découvre
qu'il est en réalité un prince en exil.
-Et
bien, nous sommes retournés voir juste après t'avoir adoptés. Mais
elle n'était plus là. On a vu de nombreuses traces de roues aux
alentours, alors on s'est dit que quelqu'un l'avait embarquée,
l'Armée sans doute.
-Wahou.
-Par
contre, on a quelque chose qui était à l'intérieur.
-Sérieux ? »
Clark
commençait à sautiller dans tous les sens comme une puce
surexcitée, tant et si bien que John commençait à craindre qu'il
se remette à bondir sans regarder où il est et à faire un trou
dans le mur, comme quand il avait quatre ans.
« Du
calme, fils.
-Désolé. »
Sans
ajouter un mot, John Kent se dirigea vers un coffre au fond du
garage, et l'ouvrit avec précaution. Puis, sous les yeux ébahis de
Clark, il en sortit une sorte d'étrange tissu rouge, fait d'une
matière que Clark n'arrivait pas à identifier. Et à son dos, une
sorte de blason, comme ceux qu'arboraient les seigneurs du Moyen Âge.
A l'exception du fait qu'en lieu et place d'un lion ou d'un dragon,
le symbole ressemblait plutôt à....
« Un
S ?
-Ouaip.
C'est enveloppé là dedans que moi et ta mère t'avons trouvé. A
mon avis, ca doit être une sorte de couverture, ou bien alors une
cape. Bien sur, nous avons du la laver, mais à part ça, elle est
telle.... »
Sans
attendre qu'il ait fini sa phrase, Clark arracha le tissu des mains
de son père, et s'enveloppa avec.
« Alors,
fit ce dernier en prenant une pose qui se voulait majestueuse. T'en
penses quoi ?
-J'en
pense qu'elle traîne par terre, petit malin. Quand tu seras plus
grand, peut être. »
Clark
reposa la photo sur sa table de chevet. Tout ça était tellement
loin, à présent. Il se rappelait bien la façon dont il paradait
tout autour de la ferme, avec sa cape trop longue qu'il devait
constamment relaver ensuite. Il se rappelait de comment il avait
compris qu'elle était indéchirable et, pour ainsi dire, quasi
indestructible. Il se rappelait aussi des discussions qu'il avait
avec ses parents sur comment il devait utiliser ses pouvoirs pour
aider les gens, et pas pour devenir une star du football ou autres
stupidités du même genre. Il se rappelait de cette vieille machine
à écrire qui appartenait à sa mère, et qui était à l'origine de
sa vocation de journaliste.
Et
bien sur, il se rappelait de ce jour là.
Il
regardait la ferme depuis la colline, se demandant s'il pouvait voir
ses parents de là où il était. Bien sur, pour la plupart des gens,
la ferme elle-même n'était guère plu qu'une vague silhouette dans
l'horizon. Mais Clark avait rapidement compris que, entres autres
choses, il pouvait voir plus loin que n'importe qui. Entendre plus
loin aussi. En ce moment par exemple, Pa et Ma étaient sur la
terrasse, discutant de la récolte qui s'annonçait pas terrible.
Mais pourtant, aucune inquiétude ne se faisait voir dans leur
attitude. Ils étaient parfaitement serein, comme un couple qui avait
tout ce qu'il pouvait désirer.
« Clark ?
Je croyais qu'on était pour admirer le coucher de soleil. »
Clark
se retourna vers Lana Lang, tout en lui adressant un sourire
facétieux. Bien sur, lui-même n'avait pas à se plaindre, loin de
là. C'était Pete Ross qui lui avait conseillé de venir ici.
« Parfait pour choper », il avait ajouté avec sa
subtilité habituelle. Comme s'il savait de quoi il parlait.
« Pas
tout à fait, lui dit-il. Toi, tu es venu pour admirer le coucher de
soleil.
-Ha ?
-Ouaip.
Moi, je suis venu t'admirer, toi. »
Lana
lui lança un regard perplexe, avant d'éclater de rire.
« C'est
ton père qui te l'as soufflée, celle là ?
-Quoi ?
Je trouvais ça classe, moi.
-Ho,
ça devait l'être.....dans les années 50. »
Clark
poussa un soupir faussement exaspéré. Il n'était pas doué pour ce
genre de trucs. En général, les filles ne lui en tenaient pas
rigueur. En tout cas, pas celle là. Il dirigea son visage vers le
sien avec lenteur, entamant ce que Pete Ross avait baptisé
« l'hameçonnage ». Soudain, un bruit l'interrompit dans
son mouvement, comme une bûche qui tombait au sol , ou bien....
« JOHN !!!
-Pa ? »
Clark
se retourna en direction de la ferme. Son père était à terre,
comme inconscient, la main posée sur son cœur.
« PA !!!! »
Sans
prêter attention à la présence de Lana , il dévala la pente de la
colline aussi vite qu'il pouvait. Il passa la voie ferrée en quelque
secondes. Sa mère essayait de le ranimer du mieux qu'elle pouvait.
Il traversa la champ de Hubbard, courant au milieu des vaches sans se
soucier d'elles. Il pouvait à présent entendre le cœur de son
père. Il faiblissait, ralentissait de plus en plus.
« Non.
Pas lui, non, NON ! PA !!!! »
Il
franchit la rivière en un seul bond, traversant le petit chemin de
terre qui lui servait de raccourci. Il courrait aussi vite qu'il
pouvait. Mais ce n'était pas assez. Son père.....Son père était
en train de mourir.
« Non !
Je peux le sauver ! Je peux sauver tout le monde ! »
Son
cœur venait de s'arrêter.
« PAAAAAA ! »
Il
mit moins du seconde pour traverser le champ et atteindre la ferme.
Ce fut une seconde trop tard.