vendredi 4 janvier 2013

Mémoires d'un gamer: Eternal Darkness


Ha ça, c'est pas tous les jeux qui te citent Edgar Allan Poe en intro. 
Aujourd'hui, je vais évoquer avec vous un jeu relativement méconnu, et c'est un tort. Sorti sur Gamecube en 2002 (soit peut après la sortie de la console), Eternal Darkness est un survival horror édité par Nintendo (vous savez, Mario, Pokemon, Wii Sports....) et développé par une boîte nommée Silicon Knights (vous savez,.....heu.....Mais si, là heu.......Non rien). Pour ceux qui l'ignorent, le survival horror est un genre de jeu inspiré des films qui font peur, dans lequel on incarne un personnage devant survivre dans un environnement hostile, composé principalement de zombies, dinosaures, et autres joyeusetés intuables. Lancé par la célèbre licence française Alone in The Dark( cocorico), le genre connaîtra son essor avec la sage des Resident Evil. Mais, bien que restant similaires sur un certain nombre de points avec le maître à penser, Eternal Darkness se détache de son modèle sur un grand nombre d'éléments, en s'inspirant fortement de Lovecraft.

Le jeu nous propose d'incarner Alexandra Roivas, une jeune étudiante dont le grand père (et seule famille restante) vient de se faire assassiner dans de mystérieuses circonstances. En effet, aucune traces d'effractions, alors que le crime a été particulièrement violent (la tête ayant disparu dans la bagarre). Perplexe, et n'ayant aucune forme d'indices, la police décide de classer l'incident, laissant une Alexandra choquée et atterrée déterminée à découvrir le moindre indice lui révélant la vérité. Cherchant dans le manoir, elle découvre un mystérieux manuscrit, fait d'os et de peau humaine séchée, intitulé « Le Livre des Ténèbres Éternelles », auquel son grand père semblait particulièrement s'intéresser. Curieuse, Alex commence la lecture du livre, inconsciente du danger qui la guette.
 

Un livre en os et en chair sêchée......le truc normal, quoi. 
 

Dans la pratique, le joueur devra guider Alex à travers le manoir, afin de retrouver les divers morceaux du manuscrit qui y ont été éparpillés. Une fois un fragment trouvé, elle peut entamer leur lecture. Chaque chapitre du livre constituent autant de « niveaux » pour le joueur, et racontent le sort de divers individus et leur rencontre fortuite avec des êtres mystérieux connus sous le nom d'Anciens. Ainsi, l'on incarnera un centurion romain en mission, un page à la cour de Charlemagne, un architecte venisien réduit en esclavage et chargé d'examiner de mystérieuses ruines.....au total , une dizaine de personnages sont à découvrir. Certain sont des guerriers, nobles et courageux. D'autres sont des médecins ventripotents, ou des savants à la santé fragile. Le ton du jeu reste toutefois très pessimiste, dans la pure tradition de Lovecraft, et au final, rares sont ceux qui ressortent indemnes de l'expérience. Évitez donc de trop vous attachez à ces charmants personnages. Ou plutôt, si, faîtes le : c'est plus fun comme ça.

Le Livre des Ténèbres Eternelles n'est cependant pas juste un prétexte pour explorer de nombreux niveaux à des périodes différentes. En effet une fois qu'un personnage mettra la main sur l'ouvrage, il lui sera possible d'apprendre des sortilèges grâce au système de runes. Pour résumer (sinon on en a pour des heures), le joueur devra découvrir des runes lui permettant, une fois combinées, de lancer divers sortilèges en puisant dans l'énergie des Anciens. Il pourra ainsi enchanter des objets, créer des champs de force...Mais, pour que le sortilège marche, il devra invoquer un Ancien spécifique , ces derniers étant au nombre de trois : Chatturg'hah l'Ancien de la Chair (force rouge), Ulyaoth l'Ancien de l'Âme (force bleue), et Xellot'hah l'Ancienne de l'Esprit (force verte)..... A moins que que soit Xelhotah ? 
 

Le sortilège d'aujourd'hui sera mis sous le signe du vert, couleur de la nature et de la déesse de l'esprit.
 

Cet alignement a deux utilités : d'abord, il existe une hierarchie entre les Anciens, semblables au jeu du janken : force rouge bat force verte, qui bat force bleue, qui bat force rouge. Pour tuer une créature de force bleue, il vaut mieux enchanter son arme avec un sort de force verte. L'alignement peut également modifier l'effet du sortilège. Ainsi, un sort de soin avec force rouge vous rendre des points de vie, tandis que force bleue vous rendra votre mana, laissant à force verte le soin de votre....santé mentale.

Car c'est là le gros morceau du jeu, LE machin qu'on voyait dans toutes les pubs. Eternal Darkness est le seul jeu où la peur des héros est un élément de gameplay. En pratique, chaque fois qu'un monstre vous regarde dans les yeux, la jauge de santé mentale de votre héros baissera automatiquement. Si cela se produit alors qu'elle est déjà vide, votre personnage perdra de la vie , rendant ainsi théoriquement possible de littéralement mourir de peur. Mais surtout, avoir une santé mentale basse donnera à votre personnage des hallucinations. Et je peux vous dire, mes cocos, que les développeurs sont sont lâchés. Dès que la jauge baisse suffisamment, les choses partent en cacahuètes : la caméra devient bancale, vous entendez des hurlements, des bébés qui pleurent, et des rires inquiétants. Puis, le sang se met à couler des murs, sans aucune raison. Votre personnage commence à marmonner des trucs incohérents sur un ton psychotique , quand il ne pleure pas de terreur. Et soudainement, alors que vous venez d'entrer dans une pièce, vous vous enfoncez dans le sol. Trèès lentement, alors que vous avez toujours le contrôle de votre personnage. Vous paniquez, tentez de le sortir de ce traquenard, mais rien n'y fait. Votre héros vient de disparaître sous le plancher, voué à une mort certaine. Puis, un grand flash. Vous n'étiez jamais entré dans la pièce.

En fait, il est assez difficile de décrire toutes les hallucinations que l'on trouve dans ce jeu. Cela peut aller de votre personnage qui explose alors que vous lanciez un sortilège, à des zombies qui ne sont pas vraiment là, tout en passant par le jeu qui fait semblant d'effacer vos sauvegardes. En général, votre personnage finit par retrouver ses esprits, chassant les visions d'un « This. Isn't. Really. Happening » qui, selon les personnages, se situe entre la voix calme et posée du personnage qui essaie de se persuader au hurlement hystérique. Pour tout vous dire, j'ai fini ce jeu six fois, et j'en découvre encore des nouvelles à chaque partie.
 

Anthony, page de Charlemagne, a eu des meilleurs journées, entre les monstres et son corps qui pourrit sur place. 

Il y' aurait encore beaucoup de choses à évoquer, comme la possibilité de locker les parties du corps des ennemis, ou encore le fait qu'il existe trois parcours semblables mais différents au cours du jeu, mais il faut bien s'arrêter quelque part.

Le jeu n'est certes pas dépourvu de défauts. Il est assez court (disons une dizaine d'heures la première fois, 5 si vous êtes un barbare qui connaissez par cœur toutes les énigmes et ne cherchant pas à profiter de l'ambiance), et les graphismes sentent un peu le début de la Gamecube. Cependant, il n'en reste pas moins une expérience assez unique, misant plus sur une atmosphère oppressante que sur les « jump scare » des grands classiques du genre, et que je ne peux que recommander à tous ceux qui auront l'occasion de s'y essayer. Dans le noir. Seul. Le son à fond.

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Enjoy^^.



«  MAY THE RATS EAT YOUR EYES ! I AM NOW LOST TO YOUR CAUSE ! THE DARKNESS COME ! IT WILL DAMN US ALL !!!! »

Maximilian Roivas, éminent médecin du XVIIIè siècle

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