samedi 15 décembre 2012

The Hobbit : un voyage trop attendu ?


Il est préférable de le dire tout de suite : je ne suis pas particulièrement fan de l'adaptation du Seigneur des Anneaux. Ho, bien sur, je les avais tous vu au ciné à l'époque, et j'avais été pris par l'ampleur de l’œuvre, son caractère grandiose, et par la façon dont elle avait adapté l'inadaptable, le livre sur lequel nombre de cinéastes s'étaient cassés les dents. Mais, avec le temps, je me suis détaché des films. Ils restaient très bons, mais au final se contentaient presque d'illustrer le livre, transformant une œuvre majeure qui finalement était plus connue pour son univers détaillé aux limites de l'impossible que pour son intrigue en un gros film épique avec des scènes de combats de ¾ d'heures. Puis, ils ont parlé d'adapter Bilbo le Hobbit. Les premières nouvelles me plaisaient beaucoup, notamment l'idée d'avoir Guillermo Del Torro à la réalisation, ce qui permettait d'explorer l'univers sous un jour différent (et sans doute plus proche du conte qu'était le livre), tout en conservant Peter Jackson à la production, assurant une continuité entre les deux œuvres. Puis Guillermo est parti, laissant Jackson prendre les rênes. Puis ils ont parlé de faire deux films, puis d'en faire trois. A ce stade, je dois admettre que j'étais plus inquiet qu'impatient. 3 films de 3 heures ? Sur Bilbo le Hobbit, un pauvre bouquin de 250 pages grand maximum ? De quoi allait-il bien pouvoir parler ? Je craignais également de me retrouver non pas devant une adaptation du livre, mais devant une préquelle du film.

Et......ben j'avais raison de m'inquiéter.
 
"Bon, ça suffit maintenant, fouttez le camp de chez moi,bandes de SDF barbus."

Commençons par les points positifs, parce que points positifs il y' a. Déjà, les acteurs sont aussi bons que dans la première trilogie. Martin Freeman est excellent en Bilbon, Hobbit pépère qui se retrouve impliqué contre son gré dans une aventure épique (et bien plus charismatique que Frodon d'ailleurs). Ian McKellen est fidèle à lui-même, de même que tous les bonhommes des premiers films venus faire un petit coucou (j'y reviendrais). Les acteurs jouant les nains ont un peu plus de mal à exister, ne serait-ce parce qu'il y'en a beaucoup trop mais ceux qui parviennent à surnager sont très classes, notamment leur leader, Thorin Ecu-de Chêne, qui parvient à retrouver la vibre d'un Aragorn tout en incarnant un personnage totalement différent. La musique est parfaite. La réalisation est fidèle à la première trilogie, avec ses réussites et ses petits défauts (notamments quelques fautes de goût qui rappelle que Jackson à commencer en réalisateur de séries Z trashs).

"Quelqu'un peut me rappeler ce que Saroumane fout à ma table, déjà?"

Et c'est sans doute ça le problème. Parce Bilbo le Hobbit n'est pas le Seigneur des Anneaux. Certes, les deux livres ont des points communs. Les deux parlent d'un roi sans royaume, d'un groupe partant à l'aventure, et il y 'a même une grande bataille (plusieurs pour le SdA). Mais Bilbo n'a pas été écrit comme une grande aventure épique mais comme un conte à destination des enfants. Peter Jackson se retrouve à créer un film un peu schizophrène, qui hésite entre sa volonté de retranscrire le livre et celle de créer une préquelle à sa suite. Ainsi nous aurons droit à un petit caméo de Frodon ,de Saroumane, de Galadrielle......que des personnages qui, rappelons le, n'apparaissent pas dans le livre. Sauf que la cohérence est loin d'être parfaite du fait des différences spécifiques aux deux œuvres. Difficile par exemple de donner sens à cette scène où trois Trolls se disputent sur la façon de manger nos héros quand on a en mémoire les brutes de toute évidence sans langage de la première trilogie. L'autre problème auquel est confronté le film est qu'il lui faut remplir 3 fois 3 heures avec 250 pages. La solution ? C'est simple : on rajoute des trucs. On rajoute une obscure intrigue de Nécromancien tirée d'un appendice du Seigneur des Anneaux qui, si elle a le mérite d'impliquer Gandalf et de se dérouler en même temps que les aventures de Bilbo, n'a pour ainsi rien à voir avec la choucroute. Pire encore en un sens, on tire de la backstory d'un des personnages un terriiible ennemi qui pourchasse notre petite bande histoire de rajouter quelques scènes épiques (je ne saurais pas dire si le personnage lui-même est tiré d'un chapitre obscur ou bien s'il est inventé de toute pièce. Il est pas dans Bilbo, ça c'est sur).

L'albinos flou, c'est Azog, plus connu sous le nom de "Sir-Not-Appearing-In-The-Book".
 

Un autre problème plus personnel (et moindre) est la tendance des scènes d'action à virer au « n'importe quoi », tel ce climax dans les grottes des gobelins qui ressemble plus à une attraction de Parc Ventura (ou, comme l'a fait remarquer un mec sur internet, à un jeu de plate-formes) qu'à autre chose.

Pour finir, un petit mot sur le HFR, cette innovation du film qui montre le film en 48 images par seconde au lieu des 24 habituelles (il me semble que c'est ça). C'est.....nul. L'image ressemble à un truc sorti d'un caméscope ou d'un téléfilm sur France 2. L'image, forcément plus réaliste, rend les effets spéciaux d'autant plus visible, et le moindre mouvement de caméra devient ultra perturbant (ce qui est d'autant plus embêtant que Peter Jackson adore ces plans séquences où la caméra virevolte dans tous les sens avant de passer entre deux tours). De plus, ça a tendance à donner parfois un peu mal au cœur, même si ça a plus été le cas de mon compagnon de séance que de moi-même. C'est d'autant plus con que la 3D (oui, j'ai vu le film en HFR, en 3D, et en VO, on peut pas dire que j'ai pas fait des efforts), elle, est plutôt sympa.
 

Bon, il fait pas très nain dans le film. Mais en même temps, quand tu passe ton temps à côté de Bilbon, tu parais de suite plus grand.

Au final, quel verdict pour the Hobbit ? Ben, si vous êtes super fans de la première trilogie, il y'a des chances pour que vous aimiez celui-ci. Pour ma part, je trouve que dans l'ensemble, c'est quand même dommage. Je pense que le tout aurait gagné à trouver un regard neuf sur la Terre du Milieu, et à se contenter d'un seul film (de 3 heures, là n'est pas la question) plutôt que d'étirer l'ensemble, donnant au final l'impression d'une confiture étalée sur une trop grande tartine (ou quel que soit la réplique de Bilbon dans le premier film).

Mais bon, le vrai truc triste, c'est que je sais sans doute aller voir les suites quand même. Tu parles d'un crétin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire