Il est
préférable de le dire tout de suite : je ne suis pas
particulièrement fan de l'adaptation du Seigneur des Anneaux. Ho,
bien sur, je les avais tous vu au ciné à l'époque, et j'avais été
pris par l'ampleur de l’œuvre, son caractère grandiose, et par la
façon dont elle avait adapté l'inadaptable, le livre sur lequel
nombre de cinéastes s'étaient cassés les dents. Mais, avec le
temps, je me suis détaché des films. Ils restaient très bons, mais
au final se contentaient presque d'illustrer le livre, transformant
une œuvre majeure qui finalement était plus connue pour son univers
détaillé aux limites de l'impossible que pour son intrigue en un
gros film épique avec des scènes de combats de ¾ d'heures. Puis,
ils ont parlé d'adapter Bilbo le Hobbit. Les premières nouvelles me
plaisaient beaucoup, notamment l'idée d'avoir Guillermo Del Torro à
la réalisation, ce qui permettait d'explorer l'univers sous un jour
différent (et sans doute plus proche du conte qu'était le livre),
tout en conservant Peter Jackson à la production, assurant une
continuité entre les deux œuvres. Puis Guillermo est parti,
laissant Jackson prendre les rênes. Puis ils ont parlé de faire
deux films, puis d'en faire trois. A ce stade, je dois admettre que
j'étais plus inquiet qu'impatient. 3 films de 3 heures ? Sur
Bilbo le Hobbit, un pauvre bouquin de 250 pages grand maximum ?
De quoi allait-il bien pouvoir parler ? Je craignais également
de me retrouver non pas devant une adaptation du livre, mais devant
une préquelle du film.
Et......ben
j'avais raison de m'inquiéter.
"Bon, ça suffit maintenant, fouttez le camp de chez moi,bandes de SDF barbus."
Commençons
par les points positifs, parce que points positifs il y' a. Déjà,
les acteurs sont aussi bons que dans la première trilogie. Martin
Freeman est excellent en Bilbon, Hobbit pépère qui se retrouve
impliqué contre son gré dans une aventure épique (et bien plus
charismatique que Frodon d'ailleurs). Ian McKellen est fidèle à
lui-même, de même que tous les bonhommes des premiers films venus
faire un petit coucou (j'y reviendrais). Les acteurs jouant les nains
ont un peu plus de mal à exister, ne serait-ce parce qu'il y'en a
beaucoup trop mais ceux qui parviennent à surnager sont très
classes, notamment leur leader, Thorin Ecu-de Chêne, qui parvient à
retrouver la vibre d'un Aragorn tout en incarnant un personnage
totalement différent. La musique est parfaite. La réalisation est
fidèle à la première trilogie, avec ses réussites et ses petits
défauts (notamments quelques fautes de goût qui rappelle que
Jackson à commencer en réalisateur de séries Z trashs).
"Quelqu'un peut me rappeler ce que Saroumane fout à ma table, déjà?"
Et
c'est sans doute ça le problème. Parce Bilbo le Hobbit n'est pas le
Seigneur des Anneaux. Certes, les deux livres ont des points communs.
Les deux parlent d'un roi sans royaume, d'un groupe partant à
l'aventure, et il y 'a même une grande bataille (plusieurs pour le
SdA). Mais Bilbo n'a pas été écrit comme une grande aventure
épique mais comme un conte à destination des enfants. Peter Jackson
se retrouve à créer un film un peu schizophrène, qui hésite entre
sa volonté de retranscrire le livre et celle de créer une préquelle
à sa suite. Ainsi nous aurons droit à un petit caméo de Frodon ,de
Saroumane, de Galadrielle......que des personnages qui, rappelons le,
n'apparaissent pas dans le livre. Sauf que la cohérence est loin
d'être parfaite du fait des différences spécifiques aux deux
œuvres. Difficile par exemple de donner sens à cette scène où
trois Trolls se disputent sur la façon de manger nos héros quand
on a en mémoire les brutes de toute évidence sans langage de la
première trilogie. L'autre problème auquel est confronté le film
est qu'il lui faut remplir 3 fois 3 heures avec 250 pages. La
solution ? C'est simple : on rajoute des trucs. On rajoute
une obscure intrigue de Nécromancien tirée d'un appendice du
Seigneur des Anneaux qui, si elle a le mérite d'impliquer Gandalf et
de se dérouler en même temps que les aventures de Bilbo, n'a pour
ainsi rien à voir avec la choucroute. Pire encore en un sens, on
tire de la backstory d'un des personnages un terriiible ennemi qui
pourchasse notre petite bande histoire de rajouter quelques scènes
épiques (je ne saurais pas dire si le personnage lui-même est tiré
d'un chapitre obscur ou bien s'il est inventé de toute pièce. Il
est pas dans Bilbo, ça c'est sur).
L'albinos flou, c'est Azog, plus connu sous le nom de "Sir-Not-Appearing-In-The-Book".
Un
autre problème plus personnel (et moindre) est la tendance des
scènes d'action à virer au « n'importe quoi », tel ce
climax dans les grottes des gobelins qui ressemble plus à une
attraction de Parc Ventura (ou, comme l'a fait remarquer un mec sur
internet, à un jeu de plate-formes) qu'à autre chose.
Pour
finir, un petit mot sur le HFR, cette innovation du film qui montre
le film en 48 images par seconde au lieu des 24 habituelles (il me
semble que c'est ça). C'est.....nul. L'image ressemble à un truc
sorti d'un caméscope ou d'un téléfilm sur France 2. L'image,
forcément plus réaliste, rend les effets spéciaux d'autant plus
visible, et le moindre mouvement de caméra devient ultra perturbant
(ce qui est d'autant plus embêtant que Peter Jackson adore ces plans
séquences où la caméra virevolte dans tous les sens avant de
passer entre deux tours). De plus, ça a tendance à donner parfois
un peu mal au cœur, même si ça a plus été le cas de mon
compagnon de séance que de moi-même. C'est d'autant plus con que la
3D (oui, j'ai vu le film en HFR, en 3D, et en VO, on peut pas dire
que j'ai pas fait des efforts), elle, est plutôt sympa.
Bon, il fait pas très nain dans le film. Mais en même temps, quand tu passe ton temps à côté de Bilbon, tu parais de suite plus grand.
Au
final, quel verdict pour the Hobbit ? Ben, si vous êtes super
fans de la première trilogie, il y'a des chances pour que vous
aimiez celui-ci. Pour ma part, je trouve que dans l'ensemble, c'est
quand même dommage. Je pense que le tout aurait gagné à trouver un
regard neuf sur la Terre du Milieu, et à se contenter d'un seul film
(de 3 heures, là n'est pas la question) plutôt que d'étirer
l'ensemble, donnant au final l'impression d'une confiture étalée
sur une trop grande tartine (ou quel que soit la réplique de Bilbon
dans le premier film).
Mais
bon, le vrai truc triste, c'est que je sais sans doute aller voir les
suites quand même. Tu parles d'un crétin.
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