vendredi 16 novembre 2012

Mémoires d'un Gamer: Majora's Mask.

Bon, alors ce coup-ci, voici l'occasion de pénétrer dans mon esprit tordu et nostalgique le temps d'un petit texte afin de se replonger dans une de mes expériences vidéoludiques les plus marquantes:





« Sur la terre d'Hyrule résonne l'écho d'une légende. Cette légende nous conte l'histoire d'un garçon qui, après avoir combattu le Mal et sauvé Hyrule, disparut de ce royaume qui l'avait élevé au rang de légende vivante... »

J'ai toujours été un grand fan des Zelda. J'ai découvert la série avec Ocarina Of Time (qu'à l'époque, j'appelais Zelda 64 comme tout le monde) sur la Nintendo 64 alors que je n'étais pas encore au collège. Ça a été un choc pour moi. C'était......Pour moi, c'était un jeu d'aventure, j'avais l'impression que, si jamais un vrai aventurier avait du exprimer son expérience dans un jeu, cela aurait donné Zelda. L'exploration, les combats à l'épée seul contre des monstres, les objets à récupérer qui servaient à avancer dans la quête, les donjons remplis d'énigmes et de créatures belliqueuses, les quêtes secondaires....j'adorais tout. Aussi, lorsque j'ai appris qu'un deuxième opus allait sortir sur la N64, j'étais surexcité. Une fois le jeu en ma possession, j'ai mis la cartouche dans ma console, prêt à revivre l'expérience épique mais relativement bon enfant du précédent, et.....et je ne m'étais pas préparé à ça, pour tout vous dire.


Mais commençons par le début.
Majora's Mask est la suite directe de Ocarina (et non, ce n'était pas évident, étant donné le passif chaotique de la série en matière de chronologie). Après sa victoire contre le vil Ganondorf, Link l'enfant aventurier part pour une quête aux objectifs mal définis (le jeu parle vaguement d'un ami qu'il recherche, mais on n'en saura guère plus et on s'en fout). Fatigué sur sa jeune jument, inattentif, il tombe dans une embuscade tendu par un mystérieux garçon masqué et ses deux fées. Pris par surprise, il est impuissant devant l'assaut et se fait dérober non seulement son cheval, mais surtout l'Ocarina du Temps, trésor de la Famille Royale Hylienne qui lui avait été remis par la Princesse Zelda dans la préquelle. Pour tout arranger, le garçon masqué, un garnement aux pouvoirs mystérieux nommé Skull Kid, lance une malédiction sur notre jeune héros qui se retrouve transformé en Peste Mojo (petite créature faite de bois qui, malgré quelques compétences parfois utiles, est plutôt du genre pitoyable). Partant à la poursuite du garnement, il rencontre un mystérieux vendeur de masques, qui lui explique que ce dernier lui a dérobé un masque très rare et qu'il aimerait que vous le récupériez pour lui. Par contre, il insiste pour que la tâche soit accomplie en moins de 3 jours. Cela aurait-il un rapport avec cette Lune qui se rapproche de façon inquiétante de la paisible ville de Bourg Clocher?

Le jeu se distingue de ses confrères sur deux grands concepts. Le premier est le temps. Comme vous l'aurez compris, Link a moins de trois jours pour accomplir sa mission, sans quoi la Lune s'écrasera, tuant tout sur son passage. En temps de jeu, trois jours correspondent à une grosse heure . A priori, on est loin de l'aventure épique que cela laissait présager. Oui, sauf que non. Après un premier jeu de trois jours, Link parvient à remettre la main sur son ocarina, et découvre que ce dernier lui permet.....de remonter trois jours plus tôt (il s'agit d'ailleurs de la seule vraie façon de sauvegarder le jeu). A l'instar du film « Un Jour sans Fin », le Héros de la Légende devra revivre en permanence les trois mêmes jours jusqu'à ce qu'il parvienne à sauver la contrée de Termina. Cela a deux conséquences sur le jeu. La première est que le joueur est toujours relativement pressé, et ne perdra pas son temps à admirer le paysage. Ici, il faut accomplir ses objectifs avant la fin du temps imparti, ou c'est le game over. Cela pourrait sembler frustrant, mais la mécanique admirablement huilée du jeu permet au joueur d'avancer petit à petit, puis d'utiliser toutes sortes de raccourcis pour revenir là où il s'était arrêté en un minimum de temps. Bref, du grand art. La deuxième conséquence concerne les PNJ. Il est toujours assez frustrant de se rendre compte que ces derniers n'ont pour ainsi pas de vie propre, et se contentent de rester au même endroit à ne rien faire. En même temps, une telle passivité est plus que compréhensible, tant il est difficile de programmer un comportement crédible pour ces personnages sur le long terme. Majora's mask supprime cette difficulté.... en supprimant le long terme. Après tout, ces personnages ne sont censés exister que pendant 3 jours. Ainsi, chaque personnage a son propre emploi du temps durant cette courte période. Par exemple, le facteur récupère les lettres dans les boites aux lettres vers 10 heures, avant d'effectuer sa livraison en début d'après-midi, après quoi il retourne à son bureau s'entraîner à la « course mentale » (qui constitue d'ailleurs un mini jeu pour notre ami Link).Le jeu utilise cette notion à son paroxysme pendant les quêtes secondaires. Ainsi, l'une d'entre elles demander au joueur de parler à la tenancière de l'auberge en début d'après-midi, après quoi elle vous donne rendez-vous dans son auberge vers 23h, et vous demande de mettre une lettre à la Poste. Après quoi, il faudra suivre le facteur durant sa tournée en début d'après midi du second jour pour découvrir où habite le destinataire de la lettre( c'est une longue histoire). Le tout en portant un masque spécifique.

Car la deuxième particularité du jeu, ce sont les masques. Les porter peut avoir toutes sortes d'effets. Certains d'entre eux vous transforment (en Mojo, en Goron....), d'autres vous donnent des pouvoirs spécifiques (le Masque du Lapin vous fait courir plus vite, le masque de Pierre vous rend tellement inintéressant que vous en devenez invisible...), et d'autres vous permettent simplement d'accéder à certains lieux, ou de faire réagir certaines personnes (certaines quêtes secondaires ne s'activant que si le joueur possède le bon masque). On notera d'ailleurs la séquence de transformation lorsque Link utilise un des masques à cet effet. A peine le masque posé sur son visage que le jeune hylien commence à se convulser, poussant des gémissements de surprise, avant de hurler de douleur tandis que la masque ne fait plus qu'un avec sa peau. Un brin perturbant.
Perturbant est d'ailleurs le bon terme pour définir ce jeu. Derrière son aspect disons, grand public, le jeu utilise chacune des innovations pré-citées pour créer une impression de malaise chez le joueur. Les masques qui vous transforment en créatures cools aux pouvoirs bien utiles? Ils contiennent les âmes de personnes mortes (que Link rencontre juste avant leur mort) et vous permettent d'assumer leur identité, et ce au fruit d'une expérience douloureuse qui finit par ressembler à de la schizophrénie. Au fur et à mesure que les Trois Jours arrivent à leur terme, on sent les habitants de Termina commencer à paniquer à la vue de cette Lune qui n'en finit pas de tomber, et on voit chacun d'entre eux réagir à leur manière (la fuite, le déni, la terreur...). D'ailleurs, lorsque vous accomplissez une quête secondaire (ou même venez en aide aux personnages liés à la quête principale), profitez bien de ces cinq minutes de bonheur et de reconnaissance de la part du PNJ, parce qu'à la première sauvegarde, il aura oublié jusqu'à votre existence. Par contre, osez échouez la quête des voleurs de vaches extraterrestres (oui, bon, ca fait sens dans le contexte.....si on veut), et vous pourrez revenir à la ferme le Troisième jour pour admirer la charmant petite Romani, 12 ans, lobotomisée par les extraterrestres pour avoir essayé de s'opposer à eux. Croyez-moi, vous serez content de sauvegarder pour avoir ne serait-ce qu'une chance de lui épargner ça. Et tout ceci n'est qu'un petit extrait des situations auquel sera confronté le jeune Link, 12 ans lui aussi. Au final, le joueur devient une sorte de démiurge capable de plier le temps à sa guise, mais paradoxalement, jamais il n'aura eu un tel sentiment d'impuissance dans un Zelda, spectateur malgré lui d'un monde qui tombe en ruines encore et encore. Quel sentiment envahit le joueur lorsqu'il croise Anju, jeune future mariée recherchant son petit ami disparu, sachant qu'il pourrait lui venir en aide, qu'il lui est déjà venu en aide, mais ne lui viendra pas en aide cette fois-ci? Qui sait?
Bref, ce jeu est un véritable OVNI vidéoludique, une expérience qui m'aura profondément marqué, et probablement mon jeu préféré de tous les temps. Bien sur, il est loin d'être sans défauts (4 donjons seulement, des graphismes trop semblables à son prédécesseur....), mais il est tellement inoubliable que je ne peux que le conseiller à tous ceux qui n'ont jamais eu le privilège de s'aventurer dans les mystérieuses terres de Termina.

« Ton visage....A quoi ressemble-t-il? Je me demande...le visage sous ton masque.....Est-ce que c'est.....ton vrai visage? »

http://www.youtube.com/watch?v=VzgH57VW-l4&feature=bf_prev&list=PLBCF52BC128550893

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