vendredi 7 décembre 2012

Le casual gaming : fléau des temps modernes ?


Aujourd'hui, c'est à l'occasion de la mort officielle de la Wii depuis le 30 novembre (et accessoirement, de la sortie de son héritière, la Wii U....se sont pas faits chier pour le nom quand même) que nous allons évoquer un phénomène qui aura marqué, si ce n'est les habitudes de joueur, le vocabulaire des nerds attardés que nous sommes tous dans le fond : le casual gaming.

RIP, petite console. Ta descendante s'attirera-t-elle aussi bien les haines des gamers de tout poil?

 
S'il en est sans doute qui me remettront à ma place en m'expliquant avec moult mots savants que ce phénomène est en réalité bien plus ancien qu'il n'y paraît, il n'empêche que pour beaucoup de joueurs, le casual gaming est apparu dans leurs vies avec l'arrivée sur le marché de la Wii, et notamment de son jeu phare, Wii Sports. Se targuant de mettre le jeu vidéo au sein de la cellule familiale au lieu de se contenter de cibler les quelques irréductibles amateurs de meurtres et de leveling qui font le bonheur des émissions généralistes, Wii Sports proposait une série de jeux simples aux graphismes simples, mais efficaces (la ménagère de 50 ans n'allant pas faire chier le monde parce qu’il y' a de l'aliasing ou autre truc du même effet) tournant autour d'une jouabilité délaissant les manipulations de boutons « trop complexes » . Commercialement parlant, l'initiative est brillante : le produit est peu coûteux à produire, et le public visé potentiellement beaucoup plus large, assurant un profit potentiel énorme. C'est sans doute ce qui explique comment Wii Sports est rapidement devenu le jeu le plus vendu de tous les temps, devant Super Mario Bros sur Nes . Des mauvaises langues prétendront que le fait que le jeu ait été vendu avec la console en Europe et aux States n'y est pas pour rien. Mais ce serait négliger le nombre de....ben, de casuals justement qui ont acheter la console uniquement pour ce jeu (je me rappelle encore de ces collègues de mon père venus déjeuner un samedi après-midi à qui j'avais expliqué- devant leurs yeux incrédules- que oui, il y' avait d'autres jeux que Wii Sports sur Wii). Alors est-ce la console qui a aidé à vendre le jeu ou le jeu qui a aidé à vendre la console ? Mystère.
 
 
Non, et puis soyons sérieux. Si vous croyez que ça.....
 
 

 Quoi qu'il en soit, les éditeurs ont rapidement flairés le filon et ont multipliés, sur cette console ou sur les autres, les jeux simplistes et mal foutus (ce que Wii Sports, malgré son contenu rachitique rendant l'achat sans console à plus de 10 euros rédhibitoires, n'était pas), au grand dam des « gamers », qui n'ont pas hésité à rejeter la faute sur cette console et sa télécommande sans bouton. Depuis lors, « casual » est un peu devenu l'insulte ultime dans le milieu vidéoludique, voulant souvent dire un peu tout et son contraire. Le nouveau Starcraft est plus facile à terminer que son prédécesseur quand vous aviez 8 ans ? C'est casual. Le dernier Zelda ose vous donner des informations sur l'endroit où vous rendre pour progresser dans le jeu ? C'est casual. Sonic Colors ne comporte plus de scénario « pseudo Final Fantasyesque » et préfère se concentrer sur un gameplay fun mêlant action et vitesse ? C'est casual. Inutile d'expliquer à ces personnes que leurs compétences de joueur ont probablement évolués dans le bon sens depuis qu'ils ont dépassés l'âge de raison, que les Zelda ont toujours donnés des informations sur l'endroit où se rendre depuis l'épisode Super Nes, ou que le scénario de Sonic Adventures 2 est un ramassis de clichés de films américains sans aucun rapport avec l'univers précédemment établi et frisant la parodie. Ici, « casual » est juste un adjectif lancé un peu au hasard et permettant de ne pas s'embêter à fournir une argumentation détaillée.
Alors, tout cela est bien joli, mais le casual, est-ce si mal que ça ? Après tout, quel est le mal à ce que la ménagère de 50 ans puisse jouer à des jeux sans prise de tête et faciles à prendre en main ? Si votre neveu peut jouer à Mario Kart contre vous tout en y prenant du plaisir, où est le problème dans le fait d'accepter qu'une carapace bleue prise en pleine poire dans la dernière ligne droite d'un rire franc et sincère (après lui avoir fracassé la tronche contre la table, cela va de soi) ? Le problème ne viendrait-il pas plutôt des gamers qui, en bon élitistes qu'ils sont, voient d'un mauvais œil que papy et mamie s'intéressent soudainement à leur passe-temps favori ?

...c'est fondamentalement plus casual que ça.
 
 
Il existe après tout des films populaires destinés à toute la famille et qui cohabitent tout à fait cordialement avec des expériences cinématographiques plus exigeantes. Et si l'on peut pester que le dernier Wong Kar Wai ne rencontre pas le succès commercial d'un Intouchable ou d'un Bienvenue chez les Ch'tits, il est difficile de s'en étonner et de le reproche aux seconds. De même, s'il est tout à fait permis de regretter que l'amateur de Wii Sports ne s'intéresse pas plus aux joies d'un Okami, force est d'admettre que le second nécessite un investissement personnel que tous ne sont pas près à accomplir.
 
 Après tout, on ne parle pas de "casual filming"

Au final, je conclurais en ajoutant que c'est bien la possibilité de touché un public divers et varié aux intéressant multiples qui a fait du cinéma, de la littérature, et de la pornographie sur internet (…..heu.......) des formes d'arts plébiscitées aussi bien par le public que la critique. Au risque de paraître démagogue, j'affirme qu'il existe de la place dans le petit monde des jeux vidéos aussi bien pour les Wii Sports que pour les Shadow Of The Collossus et même, soyons fou pour les entre deux de type Call of Duty (oui, parce que bon dans le genre semi-casual, hein....entre la vie qui se régénère toute seule et la campagne ultra scriptée.....bref). Parce qu'il faut de tout pour faire un art, même des machins simplistes qui te mâchent le travail.


2 commentaires:

  1. On ne peut plus d'accord sur le fait que le Casual Gamer n'est pas la septième plaie d'Egypte, contrairement à ce que semblent penser certains. Et il y a effectivement de la place pour des jeux plus simples et faciles d'accès. Ce que semblent craindre certains, c'est simplement que ce nouveau style de jeu finisse par devenir le modèle unique, mais très franchement, je ne crois pas que ce soit demain la veille...

    RépondreSupprimer
  2. Disons que temps qu'il y'aura des gens pour acheter des jeux complexes, il y'aura des jeux de ce type.
    Le problème du casual, c'est que comme son nom l'indique, il ne s'intéresse pas à l'actualité du jeu. Donc, pour l'atteindre, c'est relativement difficile, et il aura plus tendance à se concentrer sur des valeurs sures.
    Puis, bon, c'est pas la faute à Wii Sports si Madworld se vend pas, le fait que ce soit un beat 'em all en noir et blanc a peut être son influence.

    RépondreSupprimer