Aujourd'hui,
c'est à l'occasion de la mort officielle de la Wii depuis le 30
novembre (et accessoirement, de la sortie de son héritière, la Wii
U....se sont pas faits chier pour le nom quand même) que nous allons
évoquer un phénomène qui aura marqué, si ce n'est les habitudes
de joueur, le vocabulaire des nerds attardés que nous sommes tous
dans le fond : le casual gaming.
RIP, petite console. Ta descendante s'attirera-t-elle aussi bien les haines des gamers de tout poil?
S'il en
est sans doute qui me remettront à ma place en m'expliquant avec
moult mots savants que ce phénomène est en réalité bien plus
ancien qu'il n'y paraît, il n'empêche que pour beaucoup de joueurs,
le casual gaming est apparu dans leurs vies avec l'arrivée sur le
marché de la Wii, et notamment de son jeu phare, Wii Sports. Se
targuant de mettre le jeu vidéo au sein de la cellule familiale au
lieu de se contenter de cibler les quelques irréductibles amateurs
de meurtres et de leveling qui font le bonheur des émissions
généralistes, Wii Sports proposait une série de jeux simples aux
graphismes simples, mais efficaces (la ménagère de 50 ans n'allant
pas faire chier le monde parce qu’il y' a de l'aliasing ou autre
truc du même effet) tournant autour d'une jouabilité délaissant
les manipulations de boutons « trop complexes » .
Commercialement parlant, l'initiative est brillante : le produit
est peu coûteux à produire, et le public visé potentiellement
beaucoup plus large, assurant un profit potentiel énorme. C'est sans
doute ce qui explique comment Wii Sports est rapidement devenu le jeu
le plus vendu de tous les temps, devant Super Mario Bros sur Nes .
Des mauvaises langues prétendront que le fait que le jeu ait été
vendu avec la console en Europe et aux States n'y est pas pour rien.
Mais ce serait négliger le nombre de....ben, de casuals justement
qui ont acheter la console uniquement pour ce jeu (je me rappelle
encore de ces collègues de mon père venus déjeuner un samedi
après-midi à qui j'avais expliqué- devant leurs yeux incrédules-
que oui, il y' avait d'autres jeux que Wii Sports sur Wii). Alors
est-ce la console qui a aidé à vendre le jeu ou le jeu qui a aidé
à vendre la console ? Mystère.
Non, et puis soyons sérieux. Si vous croyez que ça.....
Quoi qu'il en soit, les
éditeurs ont rapidement flairés le filon et ont multipliés, sur
cette console ou sur les autres, les jeux simplistes et mal foutus
(ce que Wii Sports, malgré son contenu rachitique rendant l'achat
sans console à plus de 10 euros rédhibitoires, n'était pas), au
grand dam des « gamers », qui n'ont pas hésité à
rejeter la faute sur cette console et sa télécommande sans bouton.
Depuis lors, « casual » est un peu devenu l'insulte
ultime dans le milieu vidéoludique, voulant souvent dire un peu tout
et son contraire. Le nouveau Starcraft est plus facile à terminer
que son prédécesseur quand vous aviez 8 ans ? C'est casual.
Le dernier Zelda ose vous donner des informations sur l'endroit où
vous rendre pour progresser dans le jeu ? C'est casual. Sonic
Colors ne comporte plus de scénario « pseudo Final
Fantasyesque » et préfère se concentrer sur un gameplay fun
mêlant action et vitesse ? C'est casual. Inutile d'expliquer à
ces personnes que leurs compétences de joueur ont probablement
évolués dans le bon sens depuis qu'ils ont dépassés l'âge de
raison, que les Zelda ont toujours donnés des informations sur
l'endroit où se rendre depuis l'épisode Super Nes, ou que le
scénario de Sonic Adventures 2 est un ramassis de clichés de films
américains sans aucun rapport avec l'univers précédemment établi
et frisant la parodie. Ici, « casual » est juste un
adjectif lancé un peu au hasard et permettant de ne pas s'embêter à
fournir une argumentation détaillée.
Alors,
tout cela est bien joli, mais le casual, est-ce si mal que ça ?
Après tout, quel est le mal à ce que la ménagère de 50 ans
puisse jouer à des jeux sans prise de tête et faciles à prendre en
main ? Si votre neveu peut jouer à Mario Kart contre vous tout
en y prenant du plaisir, où est le problème dans le fait d'accepter
qu'une carapace bleue prise en pleine poire dans la dernière ligne
droite d'un rire franc et sincère (après lui avoir fracassé la
tronche contre la table, cela va de soi) ? Le problème ne
viendrait-il pas plutôt des gamers qui, en bon élitistes qu'ils
sont, voient d'un mauvais œil que papy et mamie s'intéressent
soudainement à leur passe-temps favori ?
...c'est fondamentalement plus casual que ça.
Il
existe après tout des films populaires destinés à toute la
famille et qui cohabitent tout à fait cordialement avec des
expériences cinématographiques plus exigeantes. Et si l'on peut
pester que le dernier Wong Kar Wai ne rencontre pas le succès
commercial d'un Intouchable ou d'un Bienvenue chez les Ch'tits, il
est difficile de s'en étonner et de le reproche aux seconds. De
même, s'il est tout à fait permis de regretter que l'amateur de Wii
Sports ne s'intéresse pas plus aux joies d'un Okami, force est
d'admettre que le second nécessite un investissement personnel que
tous ne sont pas près à accomplir.
Après tout, on ne parle pas de "casual filming"
Au
final, je conclurais en ajoutant que c'est bien la possibilité de
touché un public divers et varié aux intéressant multiples qui a
fait du cinéma, de la littérature, et de la pornographie sur
internet (…..heu.......) des formes d'arts plébiscitées aussi
bien par le public que la critique. Au risque de paraître démagogue,
j'affirme qu'il existe de la place dans le petit monde des jeux
vidéos aussi bien pour les Wii Sports que pour les Shadow Of The
Collossus et même, soyons fou pour les entre deux de type Call of
Duty (oui, parce que bon dans le genre semi-casual, hein....entre la
vie qui se régénère toute seule et la campagne ultra
scriptée.....bref). Parce qu'il faut de tout pour faire un art, même
des machins simplistes qui te mâchent le travail.
On ne peut plus d'accord sur le fait que le Casual Gamer n'est pas la septième plaie d'Egypte, contrairement à ce que semblent penser certains. Et il y a effectivement de la place pour des jeux plus simples et faciles d'accès. Ce que semblent craindre certains, c'est simplement que ce nouveau style de jeu finisse par devenir le modèle unique, mais très franchement, je ne crois pas que ce soit demain la veille...
RépondreSupprimerDisons que temps qu'il y'aura des gens pour acheter des jeux complexes, il y'aura des jeux de ce type.
RépondreSupprimerLe problème du casual, c'est que comme son nom l'indique, il ne s'intéresse pas à l'actualité du jeu. Donc, pour l'atteindre, c'est relativement difficile, et il aura plus tendance à se concentrer sur des valeurs sures.
Puis, bon, c'est pas la faute à Wii Sports si Madworld se vend pas, le fait que ce soit un beat 'em all en noir et blanc a peut être son influence.